Août 2008

Jacques Julliard (1933  –         )


Le choix de Pascal (2003) – Ecrivain, historien, journaliste, homme de gauche, Jacques Julliard, dans ce livre d’entretiens, dit sa dette envers Pascal qui l’a aidé à voir en lui-même. Faire le choix de Pascal, c’est faire le choix d’une réflexion sur les données centrales de l’existence humaine et sur la hiérarchie des valeurs. Dans notre monde d’équivalences et de mêmisme, Pascal vient rappeler que tout n’est pas interchangeable, qu’il y a des priorités, et que ces priorités de sont pas les fruits du relativisme ambiant.

Un régal d’irrévérence face au monde comme il va.

« J’ai adhéré tout de suite à sa vision pessimiste de la nature humaine, incapable de se sauver elle-même sans le recours à la grâce. Cette considération essentielle m’a d’emblée vacciné contre une double tendance de la gauche politique, que j’ai toujours trouvée absurde. La première consiste à considérer que l’homme est un être dont les possibilités sont infinies. C’est faux : comme tout le reste de la création, il a ses limites. La seconde, que dans son progrès irrésistible, l’homme ne peut que vouloir le bien. Cette naïveté, contredite par toute expérience personnelle ou historique, est pourtant ce qui fait le fond rousseauiste de nos sciences humaines. »

(pp. 42 – 43)

Robert Aron (1998 – 1975)
Arnaud Dandieu
 (1897 – 1933)

Le cancer américain (2008) – Publié en 1931, cet essai politique n’est pas tellement un réquisitoire contre l’Amérique qu’une mise en question sévère du capitalisme américain et de ses volontés d’expansion mondiale. Il s’agit, en fait, d’une critique de tout capitalisme. Certes, l’effondrement du communisme a modifié certains rapports de force, mais rien n’a changé suffisamment, et en lisant ces pages, on a le sentiment qu’elles sont écrites par des observateurs contemporains.

« On a dit que l’étudiant américain manquait d’esprit critique autant que ses maîtres ; et il est vrai que les deux sexes semblent rivaliser de conformisme dans leurs universités florissantes. Mais il serait faux de dire que les jeunes gens ou les jeunes filles soient fermés aux idées nouvelles, ou qu’ils se tiennent consciemment à des principes établis. Bien au contraire, toujours tourné vers l’avenir parce que c’est le sens de sa marche, l’esprit américain ne peut pas reculer. Tout ce qui est nouveau, il l’adopte sans renier l’ancien. Il est ouvert à tout sans effort, sans curiosité, sans angoisse, comme une femme prostituée, car il met tout sur le même plan. »

(p. 51)

Robert Redeker (1954 – )

Le sport est-il inhumain ? (2008) . Robert Redeker est philosophe et chercheur au CNRS. Dans cet essai, il pose les bonnes questions sur ce qu’est devenu le sport et sur son influence sur l’homme. Il apporte aussi les bonnes réponses. Le sport est devenu une machine à dépolitiser l’homme, à le transformer, non seulement dans les expressions quotidiennes et dans son imaginaire intime, mais encore dans son corps même. Le sport livre une guerre à ce qu’il y a d’humain dans l’homme tant et si bien que, mondialement, un autre homme est forgé dans ce creuset devenu une prison pour la condition humaine.

« A travers le sport, de petites nations essaient de se montrer au monde plus grandes et plus puissantes qu’elles ne le sont en réalité : ersatz et mirage de puissance, le sport est aussi dans cette optique une ivresse de soi. Plutôt que l’opium du peuple dont parlent certains, le sport est avant tout l’opium des Etats puissants et indépendants sur la scène de l’histoire grâce au sport. Ou bien l’opium que certains Etats injectent à d’autres afin de leur faire croire à leur puissance et à leur indépendance. »

p. 86