A week in Scotland

Jour 1 : rouge
Jour 2 : vert
Jour 3 : bleu
Jour 4 : azur
Jour 5 : noir
Jour 6 : magenta
Jour 7 : blanc

Deux motos, deux 1200GS Adv.
Aller jour 1 : 330 km

Genève – Zeebrugge : deux jours pour l’aller ; deux jours pour le retour.

Ferry : Zeebrugge – Hull


Aller jour 2 : 470 km
Dans les 4’500 km depuis Genève

Le temps est changeant en Ecosse, chacun le sait. La température a oscillé entre 12  et 18 degrés. Une
fois, à 633 m. d’alt. sous la pluie, elle est descendue à 5 degrés.

Donc, nous avons privilégié les B & B et les hôtels.

Comme équipement de base, j’ai emporté :
Veste gore-tex (sans doublure)
2 pairs de pantalons : 1 gore-tex (hiver sans doublure) et le blue-jeans Denim de BMW
Bottes gore-tex
4 pairs de gants, dont 2 en gore-tex
2 combinaisons de pluie, dont une intégrale (jamais passée)

Nous avons eu une seule journée de pluie, assez forte durant l’après-midi.
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Jour 1 sur le continent
330 km jusque dans la Meuse. Temps superbe. J’ai pris une route souvent parcourue. Je n’ai guère besoin de consulter le navigateur. Je me rappelle les endroits où je me suis déjà arrêté, ceux où j’ai mangé ou bu un café.
Jour 2 sur le continent
470 km.

C’est la grande étape jusqu’à Zeebrugge. Le ciel se couvre assez vite et une pluie fine se met à tomber, de Reims jusqu’à Houdain, juste avant la frontière belge. Je ne m’arrête qu’une seule fois durant les 5 premières heures, pour passer ma combinaison de pluie. Au bord de la route, près de la circulation qui soulève des embruns de boue et de l’air.

Je passe la frontière belge vers 12h30 et, peu après, je trouve un restaurant qui me sert un bon repas.

Le panneau le plus commun en Belgique est la limitation à 70 km/h. Les marchands de 70km/h doivent s’en mettre plein les poches. J’ai eu l’impression qu’on ne peut pas rouler ici. Lucky, impatient, m’envoie des sms en rafales. Il me signifie que je dois être à l’heure pour ne pas manquer l’embarquement. Pas de précipitation ! j’ai le temps et je décide de traverser le centre de Bruges.
Je retrouve Lucky au port d’embarquement à l’heure dite. Nous voilà à deux désormais, deux 1200GS Adv. aussi : la jaune et la rouge.

Nous avons fort peu à attendre avant de pénétrer dans le ventre du ferry où nous arrimons nos motos au milieu d’autres motos.

L’an dernier, il existait encore une ligne de ferry qui amenait les passagers de Zeebrugge à Rosyth, mais elle n’était pas rentable et, cette année, elle a été supprimée. Il nous faut donc débarquer à Hull, bien plus au sud. Le reste se fera par la route.

Au revoir, le continent !
Jour 3, sur l’île
430 km

Le port de Hull n’a rien de souriant. C’est un port marchand avec son cortège de grues et de montagnes de gravas. On a hâte de s’en aller. Le ciel gris ne me dit rien qui vaille. On pénètre en Angleterre par une porte bien peu accueillante !

Tenir sa gauche, telle a été mon obsession dès qu’on a passé la douane. Plus de trois quart d’heure pour passer la frontière. Il faut enlever le casque afin d’être reconnu par le douanier suspicieux. Et nous voilà sur une superbe autoroute à trois voies. Aucune difficulté à tenir sa gauche sur un pareil billard, il suffit de se dire que là où on roule, on n’est pas en train de doubler, mais de circuler normalement. Après quelques km on s’y fait. Mais les choses se corsent sitôt qu’on emprunte les petites routes parce que des voitures arrivent en face, sur le même ruban que vous, et passent à votre droite. La première voiture, j’ai eu l’impression qu’elle me toucherait. Mais, non, tout s’est bien passé.

Alors on s’applique à tenir sa gauche, on en fait trop, on tient mieux sa gauche qu’on tenait jadis sa droite, on frôle de l’épaule les herbes de la haie qui nous fouettent parfois, on se concentre, on joue le bon élève, on perfectionne le geste, on stylise le mouvement, on le peaufine parce qu’on a en soi quelque chose qui nous dit qu’on est en train, au fond, de transgresser une règle que les années de route ont transformée en airain : ce qui est normal, ce qui est juste, ce qui se fait, c’est de rouler à droite. A chaque virage, je m’attends à voir surgir la voiture. Lorsqu’elle arrive, je ne la regarde pas en face parce que ce quelque chose de profond en moi m’assure qu’elle emprunte à contre-sens une voie que, de droit, c’est moi qui dois emprunter.

Enfin, le mur d’Hadrien. Je l’attends depuis des décennies, depuis mes cours de latin dans les années soixante. Nous le voyons très dégagé, sur quelques centaines de mètres.

Puis, c’est la frontière écossaise. Le paysage a insensiblement changé.

Arrivée à Peebles : la ville fête en ce vendredi des sortes de comices agricoles. Il n’a pas plus de chambre libre, et nous avons dû tourner un peu pour en trouver une, assez tard. Nous nous installons et allons manger dans un pub couleur locale, surpeuplé et où coule la bière.

S’il te plaît, Lucky,
plus à gauche… !
Jour 4 en Ecosse, dimanche
445 km.

Nous sommes partis à 9 h après un copieux petit déjeuner qui nous a tenus jusqu’à 20 h. Nous ne nous sommes pas arrêtés à midi pour manger. La température a oscillé entre 16 et 18 degrés.

C’est dimanche et les rues de la capitale écossaise, Edimbourg, sont peu fréquentées. Ce qui nous arrange bien parce qu’il n’est pas facile de corriger une erreur de tracé dans une intense circulation. Nous avons seulement passé une heure et demie dans la grande ville du nord parce que le temps nous est compté. Il fait assez beau, c’est à dire que le soleil brille la plupart du temps mais des averses, brèves et inattendues, nous arrosent assez régulièrement. Au fond, la douche écossaise.

Nous longeons les lacs, suivons une petite route en virages bordée de brebis et de moutons qui bêlent à notre passage. Il n’y a personne à part nous sur ce tracé. On dirait une de nos routes d’alpage, gardée à l’entrée et à la sortie par des grilles au sol destinées à dissuader le bétail de les franchire.

La conduite à gauche devient plus familière à présent : l’application assidue de la veille porte ses fruits. On commence à se sentir plus à notre aise. Une ou deux fois cependant, lorsque la visibilité s’y prête, je prends un virage à droite en me déportant tout à droite, histoire de retrouver mes sensations. Oh ! le bien que cela fait ! C’est d’autant plus apprécié que c’est rare.

Puis nous arrivons au Loch Ness. Nous trouvons un joli petit hôtel, le Whitebridge, sur les hauts du lac. Nous y déposons nos bagages vers 16H30 et nous faisons le tour du lac en nous arrêtant dans le soleil toutes les fois que cela est possible. Nous prenons le sens inverse des aiguilles de la montre pour être toujours du bon côté de la route. J’ai sifflé, sifflé tant que j’ai pu, mais elle (Nessie) n’est jamais, jamais venue.