Allô Papa Tango Charly ?

Où est passé le socialisme ? « Nous sommes un parti qui est en train de disparaître des écrans radar, c’est notre responsabilité de le reconnaître et de le dire », vient d’affirmer Arnaud Montebourg, chargé depuis neuf mois de la rénovation du PS français.

Le socialisme semble s’effondrer en Europe : c’est le cas, éclatant, de la France d’abord ; celui de l’Italie, celui de la Grande-Bretagne, un peu moins celui de la Suisse. Il y a plusieurs raisons à cela, dont la principale réside dans l’individualisation de nos sociétés. Mais s’il y a des raisons conjoncturelles (dirigeants des divers PS qui se font une guerre de pouvoir ; vieillissement du personnel politique ; lassitude de voir les mêmes éléphants), il existe des raisons structurelles : en cinquante ans, un grand nombre de valeurs socialistes ont imprégné l’idéologie des traditionnels partis de droite, pensons à l’égalité, à la solidarité, aux droits de l’homme, et même au souci de préserver l’environnement qui s’est inscrit aux programmes politiques de la droite. Ces valeurs sont justes ; elles sont bonnes, et la droite les a reprises avec sa sensibilité certes, sa vision du monde et son sens de la responsabilité individuelle, mais elle les a reprises. Tant et si bien d’ailleurs, que sur de nombreux thèmes, les dissymétries traditionnelles entre gauche et droite ne sont plus si aisées à distinguer. Poreuses, les frontières entre partis ont favorisé l’échange des valeurs.

Il en va ainsi de l’identité du socialisme qui est aujourd’hui obligé de donner dans la surenchère pour conserver son identité : on assiste à un repli sur les rengaines traditionnelles, une crispation sur des thèmes éculés et qui ne convainquent plus : prendre aux riches pour donner aux pauvres ; le capitalisme c’est la perpétuelle crise et il s’essouffle ; ne pas baisser les impôts ; l’économie c’est la loi du plus fort ; l’école reproduit les savoirs bourgeois ; les médias sont aux mains du grand capital ; la communauté prime l’individu, etc.

Même si, sur le fond, il est des vérités dans tout ce fatras, le côté répétitif et exagéré de cette doxa ne passe plus. Nous aurions plutôt besoin d’un socialisme inventif, et non pas absent des écrans radar.